Né en 1944, Jean-Louis Soler est diplômé de l’ENSIMAG en 1967 dans l’une de ses premières promotions d’étudiants. Il entre alors au LA7 pour préparer un doctorat de 3ème cycle sur la notion de liberté en statistique mathématique, sous la direction de Jean-René Barra. La thèse qu’il soutient en 1970 aura un fort retentissement et sera traduite en russe aux éditions Mir. Ensuite, devenu maître-assistant à l’ENSIMAG, il engage un programme de recherche ambitieux en statistique infinidimensionnelle, qui le conduit à soutenir en 1978 une thèse de doctorat d’État.
Après un séjour à l’étranger, Jean-Louis revient comme professeur à l’ENSIMAG, jusqu’à sa retraite en 2002. Les activités de recherche de Jean-Louis, portant initialement sur la statistique mathématique, se sont orientées par la suite vers la modélisation aléatoire et l’inférence statistique pour la fiabilité des systèmes. Ce thème de recherche est toujours présent aujourd’hui au Laboratoire Jean Kuntzmann. Il a permis à plusieurs jeunes enseignants-chercheurs de lancer leur carrière et leur a toujours été fidèle. Jean-Louis considérait le monde de la recherche avec un certain recul, de l’ironie mais jamais de cynisme. Ses traits d’humour en la matière étaient très appréciés de ses collègues.
Défenseur infatigable de l’exigence mathématique, Jean-Louis a été tout au long de sa carrière un enseignant particulièrement remarquable et un très grand nombre d’étudiants lui doivent leur goût pour la statistique. Il y a plus de trente ans, il a eu l’intuition visionnaire du potentiel de l’ingénierie financière. Grâce à lui, l’ENSIMAG a été la première école d’ingénieur à créer une filière dans ce domaine, qui reste aujourd’hui très réputée. A l’école, il a exercé de nombreuses responsabilités et a beaucoup fait pour la visibilité des mathématiques appliquées.
Jean-Louis nous a quittés en novembre 2007. La communauté des mathématiques appliquées a perdu un homme de science déterminé, un amateur d’art raffiné, estimé de tous pour son sens de l’intérêt collectif, sa générosité et son souci constant de privilégier les valeurs humaines.
Olivier Gaudoin