Françoise Veillon a fait part à Patrick Gros (directeur de l’INRIA RA) du décès de son mari Gérard Veillon, en souhaitant que cette information soit communiquée aux collègues, actifs ou retraités, qui auraient pu le connaître. Le décès de Gérard Veillon est survenu dans la nuit du 26 au 27 avril. Gérard Veillon avait reçu le diplôme de la section spéciale d’ingénieurs en mathématiques appliquées de l’INPG en 1960, puis avait été enseignant-chercheur à l’ENSIMAG, école qu’il a dirigé de 1980 à 1988. Il s’était occupé ensuite plusieurs années d’INPG SA après un passage au sein de la société SOPRA.
De Christian Boitet
Gérard Veillon a été le premier qui m’a accueilli à mon arrivée à Grenoble, à part Bernard Vauquois bien sûr. Le second a été Nicolas Nédobejkine — qui m’a logé une semaine chez lui —, puis Alain Baille (qui était en train de quitter le CETA et la recherche à l’époque). Et c’est avec Françoise que j’ai fait mes premiers stages de programmation en début de LINF, 7 ans plus tard. Je voudrais ajouter quelques mots à ce qu’a écrit Patrick Gros, au sujet de la recherche de Gérard Veillon.
Né en 1934, Gérard Veillon fit ses études secondaires à Niort, puis à Poitiers. Il fit ensuite 2 écoles d’ingénieurs à l’INPG, l’ENSERG (ou l’ENSIEG) entre 1956 et 1959, puis l’ENSIMAG en 1959-60, comme année de spécialisation dans le tout nouveau domaine de l’informatique. Il fut alors recruté par le CNRS comme ingénieur de recherche en informatique au tout nouveau CETA-G, branche grenobloise du CETA-R (Paris), créé suite à une demande de Jean Kuntzmann, et dirigé par Bernard Vauquois, recruté comme professeur dans ce but.
Dans ce cadre, Gérard Veillon fit sa thèse de 3° cycle, puis sa thèse d’État (soutenue en 1970), sur l’optimisation de l’algorithme de programmation dynamique de Cocke pour l’analyse des langages hors-contexte décrits par des grammaires en forme normale de Chomsky, et aussi, avec Vauquois et Veyrunes, sur l’algorithme de base du formalisme de grammaires transformationnelles permettant de passer des structures des dépendances syntaxiques à des structures “pivot” de relations et propriétés sémantiques. Ces outils furent à la base de la réalisation du système de traduction automatique russe-français du CETA. Sans l’analyse très fine de Gérard Veillon, qui permit de passer, pour l’algorithme de Cocke, d’un temps de calcul d’ordre cubique à un ordre quadratique, les coûts de calcul n’auraient pas permis la mise au point de ce système, sur un corpus de plus de 1600 pages (de 1967 à 1970, sur une IBM 7044) — c’était le “big data” de l’époque.
Après sa thèse d’État, Gérard Veillon devint professeur à l’ENSIMAG, qu’il dirigea de 1980 à 1988 et où il enseigna jusqu’à sa retraite. En recherche, il se lança dans un domaine tout nouveau, l’Intelligence Artificielle (IA): ce fut lui qui créa vers septembre 1971, avec Jacques Courtin et Augustin Lux (le premier thésard en IA de Grenoble), la première équipe de recherche en IA à Grenoble, TRILAN, à laquelle participèrent Yves Chiaramella, Irène Kowarski, Damien Genthial, Danièle Dujardin, B. Cohard, V. Strube de Lima, et bien d’autres.
De Alain Nemoz
Merçi Nicolas et Christian, pour cette information sur cette très triste nouvelle et vos indications précieuses pour le parcours de Gérard Veillon qui à l’évidence a contribué au rayonnement et à la reconnaissance de l’Université de Grenoble tant pour la formation de ses étudiants et de ses ingénieurs et qu’au domaine naissant de la recherche en informatique. J’ai connu Gérard Veillon alors en responsabilités,lui et moi,dans nos établissements,et j’avais beaucoup apprécié les contacts et discussions.