Jean-Claude Boussard, ingénieur de l’Institut de Radioélectricité de Grenoble (IRG) et licencié ès-sciences a soutenu en juin 1964 une thèse de doctorat ès-Sciences Appliquées : “Étude et réalisation d’un compilateur ALGOL60 pour ordinateur 7040/44”. La réalisation de compilateurs a été une activité intense de ce qu’on appelait à l’époque le Laboratoire de Calcul et qui deviendra l’IMAG. Pas moins de 19 compilateurs ont été produits à Grenoble pour différents langages (COBOL en 1963 par Jean-Loup Baer, puis ALGOL60 essentiellement par la suite), toutes ces activités ayant été supervisées dès 1961 par Louis Bolliet recruté comme ingénieur CNRS en 1956. Le jury de la thèse de Jean-Claude Boussard comprenait Jean Kuntzmann (1912-1992) professeur de mathématiques appliquées et fondateur du Laboratoire de Calcul, Noël Gastinel (1925-1984) professeur d’analyse numérique et directeur du Centre Interuniversitaire de Calcul de Grenoble (CICG), Bernard Vauquois (1929-1985) radioastronome puis professeur d’informatique, fondateur du CETA et Jacques Arsac (1929-2014) lui aussi radioastronome puis professeur d’informatique à l’Université Pierre-et-Marie Curie de Paris.
Jean-Claude Boussard a donc été l’un des pionniers de l’informatique en France. Maître de conférences puis professeur à l’INPG il a monté un enseignement de DEA sur la théorie des langages avec une application au langage ALGOL60. Il a dirigé, entre autres, les thèses de Laurent Trilling (1967), François Martin (1969), Camille Bellissant (1970) et Jean-Pierre Peyrin (1972). Il a été nommé en 1972 professeur à l’Université de Nice où il a dirigé cinq thèses et pris sa retraite. Sur le plan des loisirs, on peut noter chez Jean-Claude Boussard un intérêt pour les puzzles, et surtout un engagement pour le scrabble avec une quinzaine de participations au Championnat de France de Scrabble Duplicate de 1978 à Bordeaux (Gironde) à 2012 à Baden (Morbihan) où il a terminé premier.
Camille Bellissant
“Un premier compilateur du langage informatique Algol (algorithmic language), langage créé à la fin des années 1950 sous l’impulsion de l’UNESCO, fut réalisé à Grenoble entre 1960 et 1964, afin d’obtenir un langage machine exécutable. Ce travail colossal fut entrepris sous la houlette efficace et bienveillante de quatre patrons de l’informatique grenobloise, à savoir Louis Bolliet, pour la partie relevant de l’ingénierie, Noël Gastinel et Bernard Vauquois, pour les parties plus théoriques, et enfin Jean Kuntzmann pour la supervision générale. À l’époque, cette étape cruciale, qui déboucha sur une thèse d’État soutenue par Jean-Claude Boussard, consacra pour un temps Grenoble comme capitale mondiale du logiciel, ce qui suscita, entre autre, la création au sein de notre agglomération alpine de laboratoires de recherche de firmes telles que IBM, Bull ou encore Hewlet-Packard.”
Xavier Hiron et Maurice Geynet (ACONIT) – lire la suite [ici]